Saga
Etonnante chose que ces quotas de production nationale imposées par l'institut de l'audiovisuel. Pour y satisfaire (car il faut s'y plier scrupuleusement), le producteur Séguret emploie quatre scénaristes capables de lui écrire une fiction à budget minimaliste, qui sera diffusée toutes les nuits de 4 à 5 heures du matin.
En fait de scénaristes, c'est sur quatre "loosers" que Séguret jette son dévolu, les seuls disponibles sur la place, d'ailleurs. Louis, qui a collaboré à Cinecittà, Mathilde, qui a écrit des romans à l'eau de rose pendant vingt ans avant de se faire mettre à la porte, Jérôme qui s'est fait voler un scénario qui maintenant fait un tabac à Hollywood et Marc, qui rêve de devenir scénariste. Tous les ingrédients sont réunis, la Saga peut commencer.
A partir de ce départ qui pourrait sembler banal, les événements vont s'emballer jusqu'à nous entraîner dans l'absurde le plus absolu, mais attention, car l'absurde a beau être absolu, chez Benacquista cela reste toujours dans le domaine du vraisemblable.
Nos quatre loosers vont se révéler profondément humains et incroyablement attachants. On rit aux larmes, on essuierait presque des larmichettes par moments.
Seul bémol, j'aurais pu refermer le livre dix pages avant la fin du roman. A force de donner dans l'absurde, Benacquista en arrive au même point que ses scénaristes: un point de non-retour ou l'histoire bascule du vraisemblable dans le "total délire" et, du coup, on y accroche moins. Ça reste quand même un livre très agréable à lire, où l'on retrouve la richesse de la plume de Benacquista et son goût pour les situations délirantes. Un coup de coeur.