Les noces barbares

Conçu lors du viol sauvage de Nicole, Ludovic est un enfant haï, qui vit enfermé dans le grenier de la maison de ses grands-parents. Il ne connaît que le mépris, la solitude, l'abandon.

Sa situation ne s'arrange pas vraiment lorsque Nicole épouse Micho, veuf et riche, bien disposé pourtant à s'occuper de cet enfant et à lui offrir une vraie vie. Nicole ne tarde pas à imposer ses caprices, règne en maîtresse dans la nouvelle maison, au mépris de son propre mari, boit de plus en plus. Ses rapports avec Ludovic ne s'arrangent pas pour autant, bien au contraire. Il est enfermé dans une relation d'amour et de crainte, de déception et de questionnements dans le vide. Il ne sait pas que jamais il ne pourra conquérir le coeur de sa mère, et pourtant, ce n'est pas faute de le désirer et d'essayer.

Rien n'y fait. De plus en plus autoritaire, Nicole finit par faire enfermer son fils dans une institution pour aliénés légers. Mais Ludo n'est pas si aliéné que ça; il a manqué d'attention, cette attention qui fait d'un enfant un homme et ce dans toutes les cultures du monde.

Déçu, il finit par s'évader et se réfugie sur une plage, à bord d'une épave destinée à la destruction. De là, il retente de prendre contact avec cette mère qui s'est toujours refusée à lui et qui est prête à une dernière trahison pour être enfin débarassée de cette créature, de ce grand enfant (désormais jeune adulte) dont elle ne veut toujours pas. Elle se rend donc sur l'épave, où aura lieu cette dernière rencontre, où ils se reconnaîtront enfin pour ce qu'ils sont, avant de sombrer...

J'ai été littéralement happée par l'écriture de Queffélec, incapable de reposer mon livre, dont l'histoire me tournait dans la tête dès que je ne l'avais plus sous les yeux. Dès le début, je ne pus qu'être désolée, meurtrie pour cet enfant qui subit une haine farouche et démesurée de la part de son entourage (notamment les parents de Nicole). Et pourtant, il est bon Ludovic, et il n'est pas bête. C'est comme une fleur sauvage laissée à l'abandon sur une terre aride, il fait quelques efforts mais se laisse vivre, sans vraiment savoir quoi attendre de la vie, sans savoir quoi faire pour prospérer, pour devenir un être humain accompli. Des destins brisés par l'étroitesse d'esprit et par l'absence d'amour, amour de soi mais aussi amour des autres. Les grands-parents sont, de mon point de vue, impardonnables. Autant je peux compatir à la souffrance de Nicole, jusqu'à un certain point, autant le boulanger et sa femme ne m'ont inspiré que consternation et incompréhension. Triste famille...

Bref, un très, très beau livre, dont on ne sort pas tout à fait le même.

Comments

[maijo]

Salva, bienvenue. Et oui, je compte poursuivre dans la découverte de cet auteur qui m'a beaucoup touchée.

[s@lv@]

écrivain très prolifique....je ne me souviens pas du 1/4 malheureusement mais j'avais bcp aimé OSMOSE.

[maijo]

- Gambadou, je ne sais pas si je le relirai, mais je pense qu'il fait partie des livres qui ne s'oublient pas facilement.
- Sylvie, pas étonnant! Il pousse beaucoup à réfléchir, mais fait aussi appel aux sentiments.

[sylvie]

j'ai lu ce livre il y a longtemps. Cette histoire m'avait remuée aussi.

[Gambadou]

C'est un pilier de ma bibliothèque que je relis de temps en temps avec toujours autant de plaisir