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From China with love
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5 mai 2008

Rendez-vous manqués

rendezvousdamour

Avec soi ou avec les autres, avec le temps qui passe, les personnages de Sepulveda les ratent tous. Au fil des nouvelles, on retrouve ce sentiment d'impuissance, de frustration, d'inassouvi que nous avons quasiment tous ressenti au moins une fois (et si, seulement, ...). Et pourtant, loin d'être morose, ce livre se savoure.

Par la diversité des situations d'abord. Du train de passagers qui se retrouve en panne en plein brouillard au tyranneau en attente de jugement, du café au goût d'échec au groupe de prisonniers politiques déportés dans le désert, l'auteur nous entraîne dans une multitude de tableaux, certains ordinaires, d'autres teintés de fantastique, quelques-uns empreints de la peur que suscite l'oppression.

Par son style ensuite, qui sait nous rendre les personnages si proches. On ne peut s'empêcher de s'identifier à au moins l'un d'entre eux, tout simplement parce qu'on a déjà éprouvé des sentiments similaires, de peur, de frustration, de mélancolie, de surprise, de fatalité.

Quelques extraits:

"Le pire châtiment n'est pas de se rendre sans lutter. Le pire châtiment c'est de se rendre sans avoir eu la possibilité de lutter. C'est comme de jeter l'éponge par forfait de l'adversaire et même si l'arbitre lève le bras du boxeur vainqueur au milieu des bâillements, la sensation de déroute dure jusqu'à devenir résignation." (Histoire d'amour sans paroles)

"Nous nous sommes embrassés avec force et plus je le serrais dans mes bras, plus j'avais la certitude que cette étreinte était la plus triste des séparations. Les yeux me brûlaient, j'avais la gorge sèche, et d'un coin perdu de la cordillère m'arriva l'écho de chevaux furieux et rapides, de chevaux avalés par l'haleine des glaciers, de chevaux s'éloignant à jamais de mes rêves". (A propos de quelque chose que j'ai perdu dans un train)

" Il reste peu de temps. Vous verrez que dans quelques minutes le train s'arrêtera, il en descendra les fonctionnaires avec les papiers officiels qui nous diront si vous continuez à être un héros ou si, au contraire, vous êtes récemment devenu un salaud." (Petite biographie d'un grand de ce monde)

" Tu reviens t'asseoir en sentant quelque chose comme une brique dans ta gorge. Tu veux parler. Tu veux lui dire qu'ensemble vous avez bu beaucoup de café au goût d'oubli, au goût de mépris, au goût de haine aimable et monotone. Tu veux dire que c'est la première fois que le café a ce désespérant goût d'échec. Mais tu ne réussis pas à prononcer un mot." (Café)

Un coup de coeur. Encore merci à Vanessa pour ce cerf-volant.

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Commentaires
M
Charlie Bobine, tu peux craquer en toute confiance ;-)
C
Je connais cet auteur de nom snas l'avoir jamais lu, ce billet est très tentant! :)
M
- Florinette, une autre découverte du même auteur, par ici: http://maijo.canalblog.com/archives/2008/01/09/7508075.html#trackbacks<br /> - Vanessa, il s'envole demain.
V
Oh merci pour ce billet, l'atmosphère du livre me revient et j'ai envie de le relire.
F
Je ne connaissais pas du tout et ce que tu en dis me tente beaucoup, merci pour cette découverte Maijo et bonne soirée !
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