Le jeu de l'ange
David Martin est un très jeune homme doué d'un grand talent pour l'écriture. Dans la Barcelone des années vingt, il va entamer une carrière d'écrivain, se transformant d'une certaine manière en mercenaire pour le compte de deux éditeurs dépourvus de scrupules. C'est alors que sa vie est sur le point de s'éteindre de fatigue et de maladie, qu'il fait la connaissance d'Andreas Corelli, éditeur parisien et mystérieux, qui lui propose une forte somme ainsi que la vie sauve en échange de l'écriture d'un livre très particulier.
Mû par un certain espoir, il accepte mais ne tarde pas à découvrir que le chemin qui s'ouvre devant lui est un chemin de mystère, d'obscurité, de violence et de sang même. Martin se lance alors dans des recherches autour de son éditeur, semblant semer la mort à son passage.
C'est une impression mitigée qui me reste après la lecture de ce roman, après avoir tant aimé L'ombre du vent.
J'aime toujours le style de Carlos Ruiz Zafon, sa manière de décrire une Barcelone de l'ombre, entre chien et loup, avec ses mystères, ses bas quartiers et ses secteurs bourgeois, et en même temps si réelle et bien ancrée dans l'Histoire. Les dialogues entre les personnages sont quelquefois durs, mais parfois une certaine légèreté vient saupoudrer le récit et les dialogues, faisant mes délices. Autant dire que je me suis régalée sur ce plan.
Les personnages sont tout aussi étranges et riches que dans le roman précédent, torturés mais volontaires, romantiques pour certains d'entre eux, bons ou emplis de duplicité. Et puis cela fait plaisir de retrouver le Cimetière des livres oubliés, même s'il ne s'agit que d'une apparition brève et anecdotique, et cette ambiance livresque.
L'histoire est enlevée, même si elle m'a semblé un peu brouillone parfois, peut-être un trop-plein de rebondissements.
Et pourtant, ce qui m'a déçu dans la lecture du Jeu de l'ange c'est une impression de réchauffé, de superflu. On sent que l'auteur tente de nous replonger dans l'ambiance qui avait conquis les milliers de lecteurs de L'ombre du vent, mais c'est comme si le coeur n'y était plus, comme s'il avait essayé de refaire du neuf avec du vieux et la mayonnaise prend moins bien pour qui a déjà été emporté par la très belle aventure de Danier Sempere. D'une certaine manière, c'est une aventure parallèle, même si elle a lieu plusieurs années avant, et je ne sais pas si l'étoffe de ce nouveau roman soutient la comparaison...
Cela dit, on a du mal à poser son roman une fois commencé... J'ai eu beaucoup de plaisir à le lire.
Carlos Ruiz Zafon, El juego del angel, Planeta.
Robert Laffont pour l'édition française.