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19 octobre 2011

Mon traître

Mon traître"Vous ne connaissez pas le Nord? (...) Alors vous ne connaissez pas l'Irlande". Ces mots, lancés un matin de novembre 1974 par un jeune breton dans l'atelier d'Antoine, à Paris, vont le décider à franchir la frontière et à entrer dans une Irlande du Nord en plein conflit. Il se lie tout de suite d'amitié avec des patriotes, dont il ressent la souffrance profondément. Si profondément que son coeur va embrasser la cause des républicains et qu'il ne vivra plus que par et pour la cause irlandaise, même s'il garde sa vie de luthier parisien et ne se rend à Belfast que deux fois par an. Parmi ces patriotes, il en est un, Tyrone Meehan, respecté, révéré même, officier de l'IRA, ayant fait de la prison, qui tisse un lien particulièrement fort avec lui.

Mon traître est donc à la fois le récit de ces trente années de la vie d'Antoine, de sa passion pour la cause républicaine en Irlande du Nord, de son amitié avec Meehan, le tout sur fond de guerre en Irlande du Nord.

Je ne sais pas pourquoi j'ai autant différé la lecture de ce livre, qui stationnait dans ma PAL depuis un bon deux ans. Peut-être parce qu'ayant beaucoup aimé Une promesse, j'avais peur de trop en attendre. Je n'aurais pas dû. Car c'est encore une fois un immense coup de coeur, que j'ai lu tout doucement, en m'impregnant des phrases, en m'emplissant d'émotion, en questionnant parfois les quelques détails qui me dérangeaient. Si Sorj Chalandon écrit toujours comme ça, je peux le dire, ce auteur est fait pour moi.

Et pourtant, je n'ai pas toujours adhéré à ses points de vue. Certes, Antoine se passionne pour la cause nord-irlandaise, et quand on est passionné, quelquefois on a de drôles de réactions. Mais quand même. Quelquefois on a l'impression d'avoir à faire à un tout jeune homme (j'avais mis adolescent, mais ce n'est pas ça non plus), alors qu'il dépasse déjà la trentaine. Sans compter que Chalandon est presque parvenu à me faire oublier qu'il se passe plus de trente ans entre le début et la fin du récit, ce qui nous mène à un homme d'environ soixante-cinq ans lorsque le roman ce termine. Or il n'y a pas véritablement d'évolution psychologique du personnage, je trouve, et les réactions de l'Antoine de soixante-et-plus auraient très bien convenu à l'Antoine d'à peine trente.

Et pourtant, malgré cela, Mon traître est incroyable de sensibilité, de justesse, de pudeur. Avec des êtres humains, des-hommes-et-des-femmes-des-vrais, des martyrs qui n'avaient rien demandé, des héros qui n'en sont pas et d'autres qui le sont par hasard, des combattants floués car ce sont d'autres qu'eux qui récoltent les fruits de la paix.

Un magnifique roman, vraiment. Je sens qu'après ça, je vais tomber en panne de lecture pendant quelques jours, comme par hasard...

Sorj Chalandon, Mon traître, Grasset 2007 (cette édition, Livre de poche, 2009, 216 p.)

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Commentaires
M
- Cryssilda, en effet. Du coup, ça me donne envie de lire Retour à Killybegs, mais pas de suite. <br /> - Anjelica, tous les goûts sont dans la blogosphère, et heureusement. ;-) Si ça peut te consoler, mon homme n'a pas trouvé ça extraordinaire non plus.
A
Ah mais mince, encore une fois, je fais partie des rares qui n'ont pas aimé :(
C
Je n'ai lu qui celui-ci et j'avais adoré. Tout comme toi, j'avais trouvé que l'auteur avait le ton très juste, alors qu'il n'est pas irlandais. Ca aurait pu être casse-gueule pour lui.
M
Surtout les réactions d'Antoine: un peu trop puériles, et le fait qu'on ne le voit pas vieillir dans le livre. Ça fait pas hyper crédible de ce côté. N'empêche, il m'a entraîné complètement du côté irlandais. Cherche pas, je suis contradiction :-)
A
Et c'est quoi les choses qui t'ont fait tiquer ?
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