Tout commence par une affaire de pieds...
Mais que viennent faire dix-sept pieds tranchés et encore dans leurs chaussures à la porte du célèbre cimetière de Highgate? Adamsberg aura à peine le temps de se poser la question sur ces actes qui confinent à la folie, lorsqu'il est rattrapé par un horrible meurtre à Garches, en banlieue parisienne. Un cadavre émietté, éparpillé aux quatre coins du grand salon, avec une sauvagerie et une brutalité innomables.
"- Il n'y a pas de corps, dit Adamsberg en regardant la femme dans les yeux.
- Il n'y a pas de corps, répéta Pierre, mécaniquement.
- Non.
- Alors? Comment pouvez-vous dire qu'il s'agit de lui?
- Parce qu'il est dans son pavillon.
- Qui?
- Le corps." p. 63
Cette nouvelle enquête mènera Adamsberg dans un petit village de Serbie, où les gens vivent encore accrochés aux légendes du passé, ajoutant comme souvent chez Vargas, une touche de faux-fantastique (j'invente des nomenclatures si je veux, d'abord) qui n'expliquera que mieux la folie meurtrière du commun des mortels lorsque le commissaire nous mènera à la résolution de l'énigme.
"- Nous ne sommes pas en train, Retancourt, de chercher un vampir, dit Adamsberg avec fermeté. Nous ne sommes pas en train de chercher sur les routes un gars qui fut percé d'un pieu dans le coeur au début du XVIIIè siècle. Est-ce clair pour vous lieutenant?
- Pas tant que ça." pp.327-328
Dans le même mouvement, Adamsberg aura l'occasion de porter un coup décisif, puisque pas mortel, à ce monde presque intouchable de ceux qui nous gouvernent. Les clins d'oeil de l'auteure sont d'ailleurs nombreux sur les sujets qui font l'Europe d'aujourd'hui: sécurité, immigration, corruption... le tout dans une ambiance gothique soft très bien amenée.
Je me suis régalée en retrouvant le commissaire et toute sa fine équipe, avec en bonus, le retour de Louis Veyrenc, qui m'avait fait une vive impression dans la précédente aventure (que voulez-vous, on ne décide pas toujours à qui on s'attache). Je me plais à suivre les divagations d'Adamsberg, les quarts d'heure culturels de Danglard, le positivisme massif de Retancourt, leurs petites vies et leurs questionnements, leur humanité, qui nous les rendent si proches. Un très bon Vargas!
Les avis de Cathulu, Chiffonnette, Brize.