Rue de la Tranchée

Matti est un homme très moderne. Père exemplaire et mari dévoué, ayant sacrifié son épanouissement personnel à celui de son épouse, il s'entend pourtant reprocher son manque d'intérêt pour lui-même, qui dérive en une mollesse qui devient insupportable à cette dernière. Et alors que les mots acides fusent et brûlent, il commet l'irréparable: son poing heurte la tête de l'ingrate, déclenchant son départ.

Dès lors, Matti n'a plus qu'une idée en tête, récupérer Helena et Sini, recoller les morceaux et reconstruire sa famille. Il compte, pour ce faire, acheter la maison dont sa femme a toujours rêvé. Commence alors sa quête. Matti le coureur, qui parcourt inlassablement la ville l'oeil alerte; Matti le futur possible acheteur, qui n'hésite pas à entrer dans les jardins pour observer les habitants des maisons et tenter de se voir à leur place; Matti l'ouvrier qui doit mettre plus que les bouchées doubles pour pouvoir épargner assez d'argent pour acheter la maison. Il consigne méticuleusement toutes ses observations dans un carnet de bord, en vrai professionnel de la recherche de maison.

S'ajoutent à cela les problèmes de voisinage avec le couple qui vit au-dessus de son appartement: des non-fumeurs passablement fanatiques, qui n'ont qu'une idée en tête, se débarasser de lui pour que l'immeuble retrouve un semblant de quiétude.

Bien évidemment, de telles situations ne peuvent continuer sans s'envenimer, et Matti commettra une par une toutes les infractions imaginables quant à l'invasion de propriétés, le harcèlement d'agents immobiliers et jusqu'au kidnapping de propriétaires, le tout dans une ambiance qui se veut franchement jubilatoire.

Et bien je vais vous dire, de jubilatoire n'ai point trouvé, et pourtant ce livre m'a émue pour plein d'autres raisons. Car derrière le cynisme affiché, on ne peut qu'être impressionné par la justesse des sentiments décrits par Kari Hotakainen. Et bien qu'étant une femme, qui plus est complètement à l'opposé du héros, je n'ai pu m'empêcher de compatir à sa souffrance tant elle était détaillée avec bon sens et humanité, sans trop en faire dans le mélo. Et il en va de même pour Helena, qui souffre également beaucoup de cette séparation, bien qu'elle ne veuille pas se l'avouer.

J'ai moins accroché au rythme marathonien de la fin, trouvant que l'auteur en faisait un peu trop. Ça a un peu douché mon émotion, mais j'en garde quand-même le souvenir d'un très bon moment de lecture.

Ce livre m'avait été envoyé par Lucy dans le cadre du swap Scandinavie.

Comments

[maijo]

Cathulu, je le conçois bien. Bonne journée.

[cathulu]

pas du tout accroché d'autant que lenarrateur a un moment frappe sa femme ...

[maijo]

- Nath, je t'en prie!
- Florinette, eh oui, ou alors j'ai du mal à rire des mêmes sujets que les finlandais. Personnellement, j'en retiens plus une certaine émotion que la franche rigolade.
- Gambadou, question de goûts...

[Gambadou]

j'avais hésité à le noter, quand je vois la taille de ma LAL, je pense que je peux éviter..

[Florinette]

Tu n'es pas la seule à dire que ce livre n'est pas du tout jubilatoire comme pourrait le faire penser la photo en couverture, et je ne pense pas qu'il me plaira, surtout si la fin est un peu exagérée !!